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Nous pouvons nous apercevoir que l’influence des oracles s’étend jusqu’aux récits mythologiques où l’on évoque leur pouvoir et leur importance dans le dénouement de certaines histoires et où la notion de destin apparaît clairement.

 

Oedipe :

 

En premier exemple, nous pouvons voir que le mythe d’Œdipe illustre notre idée. Œdipe fait partie des Labdacides. Cette lignée tire son nom du grand-père d’Œdipe, Labdacos. A la mort de celui-ci, Laïos, son fils et le père d’Œdipe, est trop jeune pour régner, Lycos règne donc en attendant. Mais il est tué par Amphion et Zéthos qui s’empare de la cité. Devenu adulte, Laïos est contraint de fuir Thèbes et se réfugie chez le roi Pélops. Seulement, il enlève Chrysoppos, le fils de Pélops. Dans la Grèce antique, les lois de l’hospitalité sont très importantes, on doit aider ceux qui sont dans le besoin et on doit respecter l’hôte qui nous accueille. En brisant ces règles, Laïos s’attire la colère des Dieux, en particulier Apollon et Héra qui frappe Laïos et sa descendance de malédiction. Ensuite, Laïos devient roi de Thèbes, après le mort d’Amphion et Zéthos et épouse Jocaste. Il consulte l’oracle de Delphes, la Pythie, qui lui dit que, s’ils ont un jour un fils, celui-ci tuera son père et se mariera avec sa mère. Alors, quand Jocaste donne naissance à un fils, Laïos l’abandonne dans la montagne, après lui avoir percé les pieds pour les attacher. Il est recueilli par Polype et Mélope roi et reine de Corinthe qui le nomme Œdipe, qui veut dire « pieds enflés ». Œdipe grandit et quand il consulte l’oracle, prénommé Tirésias, à son tour, qui lui annonce : « Connais-tu ceux dont tu es né ? Tu ne sais pas que tu es l’ennemi des tiens, de ceux qui sont sous la terre et de ceux qui sont sur la terre. Les horribles exécrations maternelles et paternelles, s’abattant à la fois sur toi, te chasseront un jour de cette ville. Maintenant tu vois, mais alors tu seras aveugle ». Il part de Corinthe, pensant protéger ceux qu’il croit être ses vrais parents. Sur la route, une dispute éclate avec un autre voyageur et il finit par le tuer, sans savoir que cet homme est Laïos, son véritable père. Il arrive peu après aux abords de Thèbes, où il rencontre le Sphinx, créature avec des ailes d’oiseaux, le corps d’un lion et un buste de femme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Afin de mieux se représenter la scène, on peut prendre comme support ce vase attique attribué au peintre Ménélas datant d’environ de 440 avant J.-C., on peut voir Œdipe à droite, le sphinx au centre et le dieu Hermès à gauche. Le Sphinx dévore tous ceux qui ne peuvent pas répondre à son énigme, terrorisant toute la cité. Créon, régnant sur Thèbes depuis la mort de Laïos, a promis le trône ainsi que la main de Jocaste à celui qui débarrassera la cité de ce monstre. Le Sphinx pose donc l’énigme à Œdipe : « Quel est l’animal qui marche le matin sur quatre pattes, à midi sur deux pattes et le soir sur trois pattes ? ». Œdipe lui répond l’homme. Le Sphinx, vaincu, se jette dans un précipice. Œdipe est alors accueilli en héros à Thèbes. Il devient roi de la cité et épouse donc Jocaste, qui est sa propre ma mère. Il termine donc de réaliser la prédiction de l’oracle. Il donne à Jocaste deux garçons Polynice et Étéocle et deux filles, Antigone et Ismène. Plus tard, les dieux envoient la peste sur Thèbes. L’oracle dit alors qu’il faut retrouver l’assassin de Laïos. Œdipe finit donc par apprendre qu’il a tué son père et que la prédiction de Tirésias s’avère juste. Jocaste se pend. D'après la tradition homérique, Œdipe resta roi de Thèbes et il mourut à la guerre. D'après une autre version, il fut chassé par ses fils Etéocle et Polynice et par le roi Créon, conduit par sa fille Antigone il se réfugia en Attique. Suivant une autre légende il fut emprisonné à Thèbes par ses fils Etéocle et Polynice et les maudit: d'où la querelle des deux frères et leur mort. Créon devint roi et chassa Œdipe, qui demanda l'hospitalité à Athènes. A Colone, il entra dans le bois des Euménides, où il disparut. Pausanias raconte qu'Œdipe épousa une autre femme, Eurygamie, fille d'Hyperphas, et selon d'autres, il mourut sous les traits des Érynnies. Finalement, grâce à ce mythe, on peut en déduire que les Grecs accordent une grande importance aux prédictions données par les oracles à cette époque et qu’il ne faut pas essayer de les contourner car l'homme ne peut pas échapper à sa destinée, et qu'un premier malheur en entraîne à sa suite toute une chaîne d'autres. Ainsi, cela démontre que les Grecs croient au destin et que le don divinatoire doit pris en compte et faire attention à ses mauvaises interprétations.

 

Antigone :

 

En deuxième exemple, nous pouvons nous appuyer sur le mythe d’Antigone qui représente un concept de fatalité intéressant. Œdipe, roi de Thèbes, eu deux fils et deux filles avec son épouse Jocaste (qui elle-même était sa propre mère) : Etéocle et Polynice, Antigone et Ismène. Après la mort d’Œdipe, Antigone, qui l’avait poursuivi lors de son voyage jusqu’à Colonne, regagne Thèbes. Elle apprend à son retour que ses deux frères, s’étant battus tous deux pour le trône, s’entretuèrent lors d’une altercation. Le roi Créon proclame alors l’interdiction de donner une sépulture à Polynice car ce dernier semble avoir été le responsable de l’altercation et ainsi celui qui débuta les hostilités. Antigone, emplie de tristesse et d’un sentiment d’injustice, fait part à sa sœur Ismène de sa décision de désobéir au décret de Créon et d’aller donner à Polynice la sépulture rituelle pour que l’âme de celui-ci repose en paix. Son plan se voue à l’échec lorsqu’elle est surprise par un des gardes, qui la dénonce par la suite à Créon. Le roi, fou de colère et à la fois surpris par cette annonce, décide de s’entretenir avec la coupable pour connaître enfin la vérité. Antigone ne nie aucun de ses actes et avoue tout à son interlocuteur, elle est ensuite condamnée à mort, et sa sœur, ne pouvant supporter une autre perte, demande à Créon de lui réserver le même sort. Apprenant la nouvelle, Hémon, fiancé d’Antigone et fils du roi, s’indigne de la décision concernant la mort mais Créon ne cède pas aux implorations de ce dernier et maintient ses propos. Antigone est finalement enfermée dans un cachot souterrain, mais Créon n’en a pas encore fini car un oracle prénommé Tirésias, annonce que la décision prise il y a peu entraînera la colère des dieux si Créon ne libère pas Antigone rapidement et essaie par la suite de le convaincre en lui disant que seul lui peut l’aider et y voir clair : « Princes de Thèbes, nous suivons tous les deux la même route ; Un seul y voit pour deux ; les aveugles ; marchent sur les traces de leur guide. » et pour le persuader de ses prédictions, il lui dit que s’il ne l’écoute pas cela engendra un malheur dans sa propre famille, « un mort, issu de [ses] propres entrailles » (Antigone de Sophocle, Acte I, scène 1).Créon, plein d’angoisse après les déclarations du devin, décide de le croire et accepte d’aller délivrer Antigone mais à son arrivée, il découvre que celle-ci s’est pendue et qu’Hémon ne supportant pas sa mort, décida se suicider en se plantant une épée dans le ventre. Créon apprend alors la nouvelle par son messager et rentre au palais avec le corps de son défunt fils dans les bras, en voyant cela, Eurydice, femme du Roi et mère de d’Hémon, se donne la mort. On peut constater que ce mythe permet de souligner un fait évident pour le peuple grec à l’époque : l’oracle est la personne la plus lucide parmi les Hommes et permet à ces derniers d’écouter la voix qui semble être faite de raison car elle provient des dieux, en effet, le mythe d’Antigone de Sophocle nous montre qu’en réalité le devin Tirésias est le personnage qui possède une certaine sagesse car il ramène à la raison Créon, un homme qui incarne la démesure.

 

Iphigénie :

 

Après cela, nous pouvons prendre comme autre exemple le mythe d’Iphigénie, une martyre poursuivie par son destin. Iphigénie (du grec : Ἰφιγένεια ; Latin : Iphigenia) est la fille d'Agamemnon et de Clytemnestre, suivant la tradition la plus commune (Iphianassa est un autre nom d'Iphigénie). Toutefois il existe une autre légende qui raconte qu'elle est la fille de Thésée et d’Hélène, cette dernière la confia à sa sœur, Clytemnestre, pour paraître toujours vierge lors de son mariage.Pendant la guerre de Troie, Agamemnon est désigné pour diriger des troupes grecques afin de lutter contre Troie, qui retient Hélène prisonnière, épouse de Ménélas (frère d’Agamemnon) enlevée par Pâris, roi de Troie. Mais lorsqu’Agamemnon tente de lancer la flotte grecque jusqu’à Aulis vers les côtes de Troie, les vents restent défavorables et il est donc impossible de partir, il décide alors de consulter le devin Calchas pour résoudre ce problème, ce dernier lui donne alors sa prédiction, émise par la suite par Agamemnon : « Que faire? nous interrogeons Calchas, qui nous répond par cet oracle : Iphigénie, ma fille, doit être immolée à Artémis, qui règne sur cette contrée : si nous offrons ce sacrifice à la déesse, nous obtiendrons un vent favorable et la ruine de Troie; sinon, tout nous sera refusé. » (Agamemnon, Iphigénie à Aulis, Euripide, Second Tome). Agamemnon comprend alors que seul la mort de sa fille apaisera la colère de la déesse Artémis et se résigne à cette idée.Pour pouvoir accomplir ce projet, le père d’Agamemnon, Ulysse, lui conseille de tromper Iphigénie en lui faisant croire qu’elle va se marier à Achille. Comprenant ce qu’il se trame lors du mariage, Iphigénie supplie son père de l’épargner : « Je résume ma prière en ce seul mot, plus fort que tout ce qu’on pourrait dire : la lumière est bien douce à voir, la nuit souterraine ne l’est pas. Insensé qui souhaite de mourir ! Mieux vaut une misérable vie qu’une mort glorieuse. » (Euripide, Agamemnon, Iphigénie à Aulis). Agamemnon reste insensible aux supplications de sa fille, déterminé à sauver sa patrie, Iphigénie se résigne finalement à mourir en prenant ainsi le rôle de martyre. Mais dans une autre version (celle d’Euripide), lorsqu’Iphigénie allait périr sous le couteau du sacrificateur, Artémis, la prenant en pitié, décide de la substituer à une biche pour l’épargner, l'enlève dans une nuée, et la transporte à Tauride.Iphigénie devient alors la grande prêtresse d'Artémis, spécialement chargée d'immoler les étrangers à la déesse. Le mythe d’Iphigénie exprime clairement l’influence des oracles sur le peuple grec, en effet, ce dernier croit à leurs prédictions et exécutent ce qui leur est demandé car les paroles dites par les oracles proviennent des dieux, d’un ordre divin dont ils ne peuvent pas se détourner : par exemple, Agamemnon est prêt à tuer sa fille pour calmer la colère d’Artémis et ainsi partir en guerre et vaincre Troie mais cette conviction est seulement basée sur les dires d’un devin, Agamemnon a foi en ce dernier car il croit que le sacrifice de sa propre fille réglera son problème.

 

Cassandre :

 

Finalement, nous allons évoquer le mythe de Cassandre.Cassandre est la fille de Priam, roi de Troie, et d'Hécube et la sœur jumelle d'Hélénos. On raconte que, très jeunes, les deux enfants se sont endormis dans le temple d'Apollon (Thymbrée) où ils sont retrouvés le lendemain entre deux serpents qui leur léchaient les oreilles et la bouche. Cet épisode explique le don de divination qui toucha les deux enfants lorsqu'ils grandirent car le python est une référence à la pythie qui est un oracle situé à Delphes.Le mythe de Cassandre est un exemple tragique des prédictions. En effet Cassandre, la fille du roi de Troie, est réputée pour sa grande beauté et est aimée d’Apollon. Elle se promit à lui s’il lui apprenait l’art de divination.  Mais lorsqu’elle métrisa cet art, elle ne tient pas sa promesse et se moque de la naïveté du Dieu. Dans une autre version, elle est surprise par Apollon et lui résiste. Apollon ne pouvant pas lui enlever le don de divination, lui enlève le pouvoir de persuasion.  Ainsi, malgré justesse de ses prophéties, personne ne la croit. De plus Cassandre est sujette à de terribles crises d'épilepsie avant ses prophéties, c'est pourquoi on la croit folle et ses prédictions ne sont pas prises au sérieux depuis qu'Apollon lui a ôté le don de persuasion. Même son père la considère comme un peu folle allant jusqu'à la faire surveiller voire enfermer dans un bâtiment pyramidal. Cette partie de la légende n'est pas relatée chez Homère (Iliade chant XIII et XXIV et Odyssée chant XI) qui ne mentionne pas ses dons de prophétie et raconte seulement qu'elle est la plus belle des filles de Priam mais elle est intégrée dans les traditions plus tardives comme par exemple dans l'Orestie d'Eschyle ou dans Les Troyennes d'Euripide. Cassandre fait des visions extrêmement précises. Elle prédit ainsi notamment le danger du cheval de Troie et la destruction de Troie. Lors de la prise de Troie, elle est violée par Ajax, fils d'Oïlée, alors qu'elle s’était réfugiée dans le temple d'Athéna et agrippée au Palladion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’intérieur de cette coupe attique à figures rouges, attribuée au Peintre de Codros datant du 3ème quart du 5ème siècle avant J.-C., représente l’instant où Cassandre se réfugie auprès de l’autel de la déesse Athéna afin d’échapper à Ajax. La violence de la scène est intensifiée par le regard implorant de Cassandre cherchant du secours auprès d’Athéna. Les grecs outrés par ce comportement sacrilège voulurent le lapider mais à son tour il se réfugia sur l'autel de la déesse. Pour expier ce sacrilège, les Locriens furent condamnés à envoyer chaque année et pendant mille ans deux jeunes filles vierges tirées au sort parmi les cent familles les plus nobles du pays. Par des chemins détournés, elles doivent gagner le temple pour devenir les humbles servantes d’Athéna, si les habitants s'en emparent avant qu'elles n’arrivent à destination, elles étaient mises à mort et leurs corps étaient brûler avec du bois d'arbres sans fruits. Après sa mort Cassandre fait l'objet d'un culte sous le nom d'Alexandra et un temple à Dardanos et à Leuctres lui sont dédiés. Le temple et sa statue sont célèbres car il offre un refuge aux jeunes filles qui veulent échapper à un mariage forcé. Grâce à ce mythe, on peut en déduire que l'on nous trnasmet une morale en condamnant le mensonge et le fait qu’un oracle soit concerné révèle l'influence de ce dernier dans la civilisation grecque pendant cette période car on considère les oracles comme un exemple de sagesse et de raison, et ces derniers doivent se montrer à la hauteur.

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